Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/177

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Bosman a vu plusieurs fois avec quelle subtilité ils dérobent le millet. Ils en prennent deux ou trois tiges dans chaque main, autant sous les bras, deux ou trois dans la bouche ; et, marchant sur les pieds, ils s’enfuient avec leur fardeau. S’ils sont poursuivis, ils ne gardent que ce qu’ils ont dans la bouche, et laissent tomber le reste pour se sauver plus légèrement. En prenant les tiges, ils examinent soigneusement l’épi ; et, s’ils n’en sont pas satisfaits, ils le jettent pour en choisir un autre. Ainsi leur friandise cause plus de dommage que leur larcin.

Atkins observe que le prodigieux nombre de singes qui habitent la côte d’Or rend les voyages fort dangereux par terre. Ils attaquent un passant lorsqu’ils le voient seul, et le forcent de se réfugier dans l’eau, qu’ils craignent beaucoup. Dans quelques cantons, on accuse les Nègres de se livrer aux plus honteux désordres avec les singes. L’auteur, se rappelant plusieurs exemples de la passion de ces animaux pour les femmes, juge que cette accusation n’est pas sans vraisemblance. Un officier du vaisseau qu’il montait acheta dans le pays un singe qui avait une parfaite ressemblance avec un enfant ; il avait le visage plat et uni, avec une petite chevelure : il était sans queue. Il ne voulait prendre pour nourriture que du lait et de l’orge en bouillie. Il gémissait continuellement, et ses cris étaient les mêmes que ceux des enfans. Enfin, dit Atkins,