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rendre sa visite au château. Il était presque jour lorsque l’avant-garde entra dans la chapelle, où quelques domestiques nègres étaient endormis sur le plancher : ils furent réveillés par cette armée d’ennemis ; et Smith, s’étant levé au bruit, eut peine à revenir de son étonnement ; l’arrière-garde était encore à la distance d’un quart de mille : après avoir tenu conseil sur cet incident, on prit le parti de mettre une longue traînée de poudre sur le sentier que les fourmis avaient tracé, et dans tous les endroits où elles commençaient à se disperser. On en fit sauter ainsi plusieurs millions qui étaient déjà dans la chapelle ; l’arrière-garde, ayant reconnu le danger, tourna tout d’un coup, et regagna directement ses habitations.

Si les fourmis n’ont point un langage comme les Nègres, et plusieurs Européens se le sont imaginé, on ne peut douter, ajoute Smith, qu’elles n’aient quelque manière de se communiquer leurs intentions ; il s’en convainquit par l’expérience suivante. Ayant découvert, à quelque distance des nids, quatre fourmis qui paraissaient être à la chasse, il tua un escargot et le jeta sur le chemin ; elles passèrent quelques momens à reconnaître si c’était une proie qui leur convînt ; ensuite une d’entre elles se détacha pour porter l’avis à leur habitation, tandis que les autres demeurèrent à faire la garde autour du corps mort : bientôt Bosman fut surpris d’en voir paraître un grand nom-