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Après le cap Sainte-Claire, la côte tourne tout d’un coup à l’est, pendant l’espace de six lieues, pour former la baie de Rio-Gabon ou Gabaon, comme l’appellent les Portugais.

Outre le motif de commerce, quantité de vaisseaux sont attirés dans cette baie par la commodité qu’on y trouve pour se radouber.

Le commerce de Rio-Gabon consiste en ivoire, en cire, en miel, etc. Les habitans ont une coutume singulière : quelque avidité qu’ils aient pour l’eau-de-vie, ils n’en boiraient point une goutte à bord, avant d’avoir reçu quelque présent. S’ils trouvent qu’on ait trop de lenteur à l’offrir, ils ont l’effronterie de demander si l’on s’imagine qu’ils soient capables de boire pour rien : ceux qui ne les paient point ainsi, pour la peine qu’ils prennent de boire, ne doivent point espérer de faire avec eux le moindre commerce.

On représente les habitans de Rio-Gabon comme un peuple farouche et cruel. Ils n’épargnent personne, et bien moins les étrangers. En 1601, les Hollandais éprouvèrent leur cruauté, lorsque ces barbares, s’étant saisis de deux canots de cette nation, massacrèrent inhumainement l’équipage. Si l’on en croit les voyageurs, les premières lois de la nature paraissent inconnues ou comme effacées chez ce peuple par une longue dépravation.

Quoique les Nègres de Gabon ne composent point une nation nombreuse, ils sont divisés en trois classes : l’une qui est attaché au roi,