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des raies blanches et rouges sur les tempes de l’adorateur, sur les paupières et sur l’estomac, et successivement sur chaque membre , pour le rendre capable de recevoir le mokisso. L’adorateur est agité tout d’un coup par des convulsions violentes , se donne mille mouvemens extraordinaires, fait d’affreuses grimaces, jette des cris horribles, prend du feu dans ses mains, et le mord en grinçant les dents, mais sans paraître en ressentir aucun mai. Quelquefois il est entraîné comme malgré lui dans des lieux déserts où il se couvre le corps de feuilles vertes. Ses amis le cherchent, battent le tambour pour le retrouver, et passent quelquefois plusieurs jours sans le revoir. Cependant, s’il entend le bruit du tambour, il revient volontairement. On le transporte à sa maison, où il demeure couché pendant plusieurs jours sans mouvement et comme mort. Le prêtre choisit un moment pour lui demander quel engagement il veut prendre avec son mokisso. Il répond en jetant des flots d’écume, et avec des marques d’une extrême agitation. Alors on recommence à chanter et à danser autour de lui ; enfin le prêtre lui met un anneau de fer autour du bras, pour lui rappeler constamment la mémoire de ses promesses. Cet anneau devient si sacré pour les Nègres qui ont essuyé la cérémonie du mokisso, que dans les occasions importantes ils jurent par leur anneau ; et tous les jours on reconnaît qu’ils perdraient plutôt la vie que de violer ce serment. Le voya-