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que le missionnaire Carli avait condamnée à ce châtiment s’écria sous les verges : « Pardon, mon père, pour l’amour de Dieu. J’ai ôté trois de ces cordes en venant à l’église, et c’est par oubli que j’ai laissé la quatrième. »

Les Nègres qui n’ont point embrassé le christianisme, ou qui ne sont pas fermes dans la foi, présentent leurs enfans aux sorciers dès le moment de leur naissance.

L’ascendant des sorciers sur les Nègres va jusqu’à leur interdire l’usage de la chair de certains animaux, et de tels, fruits ou de tels légumes, et leur imposer d’autres obligations ridicules ; ce joug religieux porte le nom de kédjilla. Rien n’approche de la soumission des jeunes Nègres pour les ordonnances de leurs prêtres. Ils passeraient plutôt deux jours à jeun que de toucher aux alimens qui leur sont défendus ; et si leurs parens ont négligé de les assujettir au kédjilla dans leur enfance, à peine sont-ils maîtres d’eux-mêmes, qu’ils se hâtent de le demander au prêtre ou au sorcier, persuadés qu’une prompte mort serait le châtiment du moindre délai volontaire. Mérolla raconte qu’un jeune Nègre, étant en voyage, s’arrêta le soir chez un ami qui lui offrit à souper un canard sauvage, parce qu’il le croyait meilleur que les canards domestiques, le jeune étranger demanda de bonne foi si c’était un canard privé. On lui répondit que c’en était un : il en mangea de