Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/345

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l’art de grimper sur un arbre sans y toucher avec les mains, et qui remplissent leurs flacons au sommet. Les Diaggas abattent l’arbre par la racine, et le laissent couché pendant dix ou douze jours avant d’en faire sortir le vin ; ensuite ils y creusent deux trous carrés, l’un au sommet, l’autre au milieu, de chacun desquels ils tirent du matin au soir une quarte de liqueur : chaque arbre fournit ainsi, pendant vingt-six jours, deux quartes de vin, après quoi il se flétrit et sèche entièrement. Dans tous les lieux où ils font quelque séjour, ils coupent assez d’arbres pour se fournir de vin pendant un mois. À la fin de ce terme, ils en abattent le même nombre ; ainsi en peu de temps ils ruinent le pays.

Ils ne s’arrêtent dans un lieu qu’aussi longtemps qu’ils y trouvent des provisions. Au temps de la moisson, ils s’établissent dans le canton le plus fertile qu’ils peuvent découvrir, pour recueillir les grains d’autrui et faire main-basse sur les bestiaux, car ils ne plantent et ne sèment jamais ; ils n’entretiennent point de troupeaux, et leur subsistance est toujours le fruit de leurs rapines. Lorsqu’ils entrent dans quelque pays où ils se croient menacés d’une vigoureuse résistance, leur usage est de se retrancher pendant un ou deux mois ; ils ne cessent point de harceler les habitans, et de les tenir dans des alarmes continuelles. S’ils sont attaqués, ils se tiennent sur la défensive, et laissent deux ou trois jours à l’ennemi pour