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l’explication au roi. Ce prince répondit que c’était une victime, qui devait être sacrifiée la nuit suivante au dieu Egho pour la prospérité de son royaume. L’horreur et la pitié firent une si vive impression sur Snelgrave, que sans aucun ménagement, et, comme il le confesse, avec trop de précipitation, il donna ordre à ses gens de prendre la victime pour lui sauver la vie. Mais, comme ils entreprenaient de lui obéir, un des gardes marcha vers le plus avancé d’un air menaçant et la lance levée. Snelgrave, commençant à craindre qu’il ne perçât un des Anglais, tirade sa poche un petit pistolet, dont la vue effraya beaucoup le roi. Mais il donna ordre à l’interprète de l’assurer qu’on ne voulait nuire ni à lui ni à ses gens, pourvu que son garde cessât de menacer l’Anglais.

Cette demande fut aussitôt accordée ; mais, lorsque tout parut tranquille, Snelgrave fit un reproche au roi d’avoir violé le droit de l’hospitalité en permettant que son garde menaçât les Anglais de sa lance. Le monarque nègre répondit que Snelgrave avait eu tort le premier en donnant ordre à ses gens de se saisir de la victime. Le capitaine anglais reconnut volontiers qu’il avait été trop prompt ; mais, s’excusant sur le privilége de sa religion, qui défend également de prendre le bien d’autrui et de donner la mort aux innocens, il représenta au prince qu’au lieu des bénédictions du ciel, il allait s’attirer la haine du Dieu tout-puis-