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sentir des inconvéniens ordinaires de cette dangereuse côte, il se rendit au Fort anglais, qui est à trois milles du rivage et fort près du Fort français. Trois semaines avant son arrivée, le pays avait été conquis et ruiné par le roi de Dahomay, et les Européens des comptoirs avaient été enlevés pour l’esclavage avec les habitans nègres. Les ravages de l’épée, et du feu dans une si belle contrée formaient encore un affreux spectacle. Le carnage avait été si terrible, que les champs étaient couverts d’os de morts. Cependant, comme les prisonniers européens avaient obtenu du vainqueur la permission de revenir dans leurs forts, ce fut d’eux-mêmes que l’auteur apprit les circonstances de cette étrange révolution.

Il commence son récit par la description de l’état florissant où il avait vu le royaume de Juida dans ses voyages précédens. La côte de ce pays est au 6e. degré 40 minutes nord. Sabi, qui en est la capitale, est situé à sept milles de la mer : c’était dans cette ville que les Européens avaient leurs comptoirs ; la rade était ouverte à toutes les nations. On comptait annuellement plus de deux mille Nègres que les Français, les Anglais, les Hollandais et les Portugais transportaient de Sabi et des places voisines : étrange preuve de prospérité ! Les habitans étaient civilisés par un long commerce.

L’usage de la polygamie étant établi dans le royaume de Juida, et les seigneurs ou les ri-