secours au roi de Juida, qu’un intérêt commun devait faire entrer dans sa querelle ; mais celui-ci eut, l’imprudence de fermer l’oreille, et de souffrir que l’armée du roi d’Ardra, qui était forte de cinquante mille hommes, fût taillée en pièces, et le roi même fait prisonnier. Le malheureux monarque fut décapité aux yeux du vainqueur, suivant l’usage barbare des rois nègres.
Le roi de Dahomay, tournant ses armes contre le royaume de Juida, attaqua d’abord un canton dont Appragah, grand seigneur nègre, avait le gouvernement héréditaire. Cet Appragah fit demander du secours à son roi ; mais il avait à la cour des ennemis qui souhaitaient sa ruine, et qui rendirent le roi sourd à ses instances. Se voyant abandonné, il prit le parti, après quelque résistance, de se soumettre au roi de Dabomay, et cet hommage volontaire lui fit obtenir du vainqueur une composition honorable.
La soumission d’Appragah ouvrit à l’armée victorieuse l’entrée jusqu’au centre du royaume. Cependant elle fut arrêtée par une rivière qui coule au nord de Sabi, principale ville de Juida, et résidence ordinaire de ses princes. Le roi de Dahomay y assit son camp, sans oser se promettre que le passage fût une entreprise aisée. Cinq cents hommes auraient suffi pour garder les bords de cette rivière ; mais, au lieu de veiller à leur sûreté, les peuples efféminés de Sabi se crurent assez défendus