Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec tout son peuple, et se retira dans une île maritime, qui n’est séparée du continent que par une rivière ; mais la plus grande partie des habitans, n’ayant point de pirogues pour le suivre, se noyèrent en voulant passer à la nage. Le reste, au nombre de plusieurs mille, se réfugièrent dans les broussailles, où ceux qui échappèrent à l’épée périrent encore plus misérablement par la famine. L’île que le roi avait prise pour asile est proche du pays des Popos, qui suit le royaume de Juida, du côté de l’ouest.

Le détachement de l’armée ennemie, étant entré dans la ville, mit d’abord le feu au palais, et fit avertir aussitôt le général qu’il n’y avait plus d’obstacles à redouter. Toutes les troupes de Dahomay passèrent promptement la rivière, et n’en croyaient qu’à peine le témoignage de leurs yeux. Dulport, qui commandait alors à Juida pour la compagnie d’Afrique, raconta plusieurs fois à Snelgrave que plusieurs Nègres de Dahomay, qui étaient entrés dans le comptoir anglais, avaient paru si effrayés à la vue des blancs, que, n’osant s’en approcher, ils avaient attendu quelques signes de tête et de main pour se persuader que c’étaient des hommes de leur espèce, ou du moins qui ne différaient d’eux que par la couleur ; mais lorsqu’ils s’en crurent assurés, ils oublièrent le respect ; et prenant à Dulport tout ce qu’il avait dans ses poches, ils le firent prisonnier avec quarante autres blancs, An-