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de mort de se parer d’un si glorieux ornement sans avoir prouvé devant quelques officiers chargés de cet emploi que chaque dent venait d’un ennemi tué sur le champ de bataille. Snelgrave pria l’interprète de leur faire un compliment de sa part, et de leur dire qu’il les regardait comme une compagnie de braves gens : ils répondirent qu’ils estimaient beaucoup les blancs.

Ce fut le lendemain qu’ils reçurent ordre de se préparer pour l’audience du roi. Ils furent conduits dans la même cour qu’ils avaient vue le jour précédent ; sa majesté y était assise, contre l’usage du pays, sur une chaise dorée qui s’était trouvée entre les dépouilles du palais de Juida. Trois femmes soutenaient de grands parasols au-dessus de sa tête pour le garantir de l’ardeur du soleil, et quatre autres femmes étaient debout derrière lui le fusil sur l’épaule ; elles étaient toutes fort proprement vêtues depuis la ceinture jusqu’en bas, suivant l’usage de la nation, où la moitié supérieure du corps est toujours nue ; elles portaient au bras des cercles d’or d’un grand prix, des joyaux sans nombre autour du cou, et de petits ornemens du pays entrelacés dans leur chevelure. Ces parures de tête sont des cristaux de diverses couleurs, qui viennent de fort loin dans l’intérieur de l’Afrique, et qui paraissent une espèce de fossiles. Les Nègres en font le même cas que nous faisons des diamans.

Le roi était vêtu d’une robe à fleurs d’or