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Les séditions sur les vaisseaux viennent presque toujours des mauvais traitemens que les Nègres reçoivent des matelots. Snelgrave s’était fait une méthode pour les conduire ; il ne croit pas qu’il y en ait de plus sûre, quoiqu’elle ne lui ait pas toujours réussi. Comme leur première défiance est qu’on ne les ait achetés que pour les manger, et que cette opinion paraît fort répandue dans toutes les nations intérieures, il commençait par leur déclarer qu’ils devaient être sans crainte pour leur vie ; qu’ils étaient destinés à cultiver tranquillement la terre, ou à d’autres exercices qui ne surpassaient pas leurs forces ; que, si quelqu’un les maltraitait sur le vaisseau, ils obtiendraient justice en portant leurs plaintes à l’interprète ; mais que, s’ils commettaient eux-mêmes quelque désordre, ils seraient punis sévèrement.

À mesure qu’on achète les Nègres, on les enchaîne deux à deux ; mais les femmes et les enfans ont la liberté de courir dans le vaisseau ; et lorsqu’on a perdu de vue les côtes, on ôte même les chaînes aux hommes.

Ils reçoivent leur nourriture deux fois par jour. Dans le beau temps, on leur permet d’être sur le tillac depuis sept heures du matin jusqu’à la nuit. Tous les lundis, on leur donne des pipes et du tabac, et leur joie marque assez, en recevant cette faveur, que c’est une de leurs plus grandes consolations dans leur misère. Les hommes et les femmes sont logés sé-