bonne ou saine. Cette idée se fortifia dans
mon esprit par un fait que nous découvrîmes
après la mort de M. Andersen : nous sûmes
que presque tous les habitans de ces îles portent
avec eux dans leurs calebasses ou dans de
l’étoffe un petit morceau de cochon cru
très-salé, qu’ils regardent comme une friandise,
et dont ils mangent de temps en temps
une bouchée. Quant à la sorte de honte que
montra le jeune homme (car il n’avait pas plus
de seize à dix-huit ans), on n’en serait pas
étonné si on avait vu la vivacité et l’ardeur
que mit mon digne ami dans ses questions ?
» Il est beaucoup plus difficile de répondre à l’argument tiré de l’instrument fait avec une dent de requin, qui est à peu près de la même forme que ceux dont se servent le habitans de la Nouvelle-Zélande pour dépecer les corps de leurs ennemis ; car il paraît sûr qu’on ne l’emploie jamais pour découper la chair des animaux ; mais les sacrifices humains, et l’usage de brûler les corps des ennemis tués dans les batailles, subsistent encore ici, et il est probable qu’on a conservé dans ces cérémonies cette espèce de couteau. Au reste, je suis très-porté à croire, surtout d’après cette dernière circonstance, que l’horrible coutume dont il est question est abolie depuis peu de temps sur ces îles, ainsi que les autres de grand Océan. Lorsqu’on pressait beaucoup O-maï sur cette matière, il avouait que, dans les transports et la fureur de la vengeance, ses compa-