blerait le plus commode pour surveiller et protéger
ceux de nos gens chargés de remplir les
futailles, ainsi que les autres détachemens de
travailleurs qu’on enverrait dans l’île. Tandis
que j’examinais au milieu de la bourgade un
emplacement qui me paraissait convenir à l’usage
que nous voulions en faire, Paria, toujours
disposé à montrer son pouvoir et sa bonne volonté,
proposa d’abattre quelques cabanes qui
auraient gêné nos observations. Je ne crus pas
devoir accepter son offre, et je choisis un champ
de patates voisin du moraï. On nous l’accorda
volontiers, et les prêtres, afin d’en écarter les
insulaires, le consacrèrent en établissant des
baguettes autour de la muraille qui l’enfermait.
» Ils donnent à cette espèce d’interdit religieux le nom de tabou, mot que nous entendîmes répéter souvent durant notre séjour ici. Nous reconnûmes qu’il a des effets très-puissans et très-étendus. J’en parlerai d’une manière détaillée dans la description générale de ces îles, lorsque je traiterai de la religion des insulaires ; il suffit d’observer maintenant que l’opération du tabou nous procura une tranquillité plus grande que nous ne l’aurions pu désirer » Les pirogues du pays ne s’avisèrent jamais de débarquer près de nous ; les naturels s’assirent sur la muraille, mais aucun d’eux n’osa pénétrer dans l’espace consacré, sans en avoir obtenu notre permission. Les hommes se rendirent à nos prières, et ils consentirent à traverser avec des provisions le terrain sur lequel