rité presque tous les jours. Le peuple, d’un
côté, a pour eux la soumission la plus entière :
et cet état d’esclavage contribue d’une manière
sensible à dégrader l’esprit et le corps des sujets.
Il faut remarquer néanmoins que les chefs
ne commirent devant nous aucun acte de
cruauté, d’injustice, ou même d’insolence à
l’égard de leurs vassaux ; mais ils exercent leur
autorité les uns sur les autres de la manière la
plus arrogante et la plus oppressive. J’en citerai
deux exemples : un chef subalterne avait
accueilli avec beaucoup de politesse le master
de notre vaisseau, qui était allé examiner la
baie de Karakakoua, la veille de l’arrivée de
la Résolution. Voulant lui témoigner de la reconnaissance,
je le conduisis à bord quelque
temps après, et je le présentai au capitaine
took, qui l’invita à dîner avec nous. Paria entra
tandis que nous étions à table : aussitôt sa
physionomie annonça combien il était indigné
de le voir dans une position si honorable ; il
allait le traîner hors de la chambre : notre commandant
interposa son autorité ; et après beaucoup
d’altercations, tout ce que nous pûmes
obtenir sans en venir à une véritable querelle
avec Paria, fut que notre convive demeurerait
dans la chambre, qu’il s’y assiérait par
terre, et que Paria le remplacerait à table.
Paria ne tarda pas à être traité aussi durement lorsque
Terriobou arriva pour la première fois
à bord de la Résolution, Mêha-Mêha qui l’accompagnait,
trouvant Paria sur le pont, le
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HISTOIRE GÉNÉRALE