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HISTOIRE GÉNÉRALE


eux-mêmes, les sacrifices humains sont plus communs ici que sur aucune des îles que nous avions visitées. Non-seulement ils recourent à ces abominables cérémonies au commencement d’une guerre, avant de livrer de grandes batailles et de former des entreprises importantes, mais la mort d’un chef un peu distingué entraîne le sacrifice d’un ou de plusieurs teouteous, selon la dignité du chef. On nous apprit qu’on immolerait dix hommes lorsque Terriobou rendrait le dernier soupir. Si quelque chose peut diminuer l’horreur de cet usage, c’est que les malheureuses victimes ne connaissent nullement le sort qui les attend. On attaque à coups de massue, partout où on les rencontre, les infortunés qu’on a choisis, et on les apporte morts à l’endroit où doit se passer la cérémonie. Le lecteur se souvient des crânes des captifs sacrifiés à la mort de l’un des grands chefs que nous trouvâmes sur la balustrade établie autour du sommet du moraï de Kekoua. Nous acquîmes de nouvelles lumières sur ce sujet au village de Kaouroua. Ayant demandé à quoi servait une petite portion de terrain enfermée par un mur de pierre, un insulaire nous répondit que c’était l’heriri ou le cimetière d’un chef ; et en nous montrant l’un des angles, il ajouta : « C’est ici que sont enterrés le tangata et l’ouhenitabou, c’est-à-dire l’homme et la femme sacrifiés à ses funérailles. »

» On peut attribuer à la même cause l’usage de s’arracher quelques-unes des dents de de-