d’ajouter qu’alors les insulaires appliquent indifféremment
le mot tabou aux personnes et
aux choses. Ils disaient, par exemple, nous
sommes taboués, ou la baie est tabouée, etc. ;
ils se servent aussi de cette expression pour désigner
quelque chose de sacré, de très-respectable
ou de dévoué aux dieux. Ainsi le roi
d’Oouaïhy est appelé éri-tabou ; une victime
humaine, tangata-tabou ; comme dans l’archipel
des Amis, l’île où réside le roi est nommée
tonga-tabou[1].
» Je ne sais rien concernant les mariages, sinon qu’il existe parmi eux de ces sortes d’engagemens ou de contrats. J’ai déjà dit qu’à l’époque où Terriobou avait laissé à Mooui la reine Rora-Rora, il était accompagné d’une autre femme dont il avait des enfans, et à laquelle il était fort attaché ; mais nous n’avons pas recueilli assez de faits pour décider jusqu’où la polygamie proprement dite est autorisée, ou jusqu’à quel point les chefs ou les classes inférieures du peuple l’entremêlent au concubinage. J’ai remarqué aussi qu’excepté Kaïni-Kabaria, et la femme de l’orono, auquel il faut en ajouter trois autres dont je parlerai plus bas, nous n’avons point vu de femmes d’un rang distingué. Si je juge d’après les observations que j’ai eu occasion de faire touchant la subordination domestique établie parmi les individus de la dernière classe, le ménage pa-
- ↑ Tonga, dans la langue des îles des Amis, signifie urne île.