portaient sur leurs épaules de larges feuiîles
vertes découpées d’une manière particulière.
Dans un des angles de la cour, près d’une petite
cabane, six jeunes garçons agitaient de petites
bannières blanches, et quelques-unes de
ces baguettes garnies de plumes, ou bâtons du
tabou. Ils ne voulurent pas me permettre de
les approcher. Je soupçonnai que la hutte
contenait le mort ; mais je compris ensuite
qu’il était dans l’habitation où l’homme au
chapeau rouge avait commencé les cérémonies
en poussant des cris à la porte. Les quinze personnes
assises sur la natte se mirent à chanter
un air mélancolique, accompagné de mouvemens
du corps et des bras lents et mesurés ;
cette musique durait depuis quelque temps
lorsqu’elles se levèrent sur leurs genoux ; et,
prenant une posture mitoyenne entre celle
d’un homme qui est à genoux et celle d’un
homme qui est assis, se mirent à remuer
leurs bras et leurs corps graduellement jusqu’à
une extrême rapidité ; sur ces entrefaites, le
ton de la musique se trouvait en mesure avec
leurs mouvemens : un pareil exercice était trop
violent pour être de longue durée, et leurs
mouvemens se ralentirent par intervalles : à la
fin de cette partie de la cérémonie, qui prit
une heure, on apporta de nouvelles nattes,
qu’on étendit aussi au milieu de la cour, où
quatre ou cinq vieilles femmes, parmi lesquelles
on me montra la femme du chef mort, sortirent
de la maison à pas comptés. S’étant as-
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HISTOIRE GÉNÉRALE