mandant du Kamtchatka avait perdu la vie,
occasionnait surtout cette vive inquiétude produite
par le nom français : on nous apprit
qu’un officier polonais, appelé Beniowsky,
exilé dans cette contrée, profitant de la confusion
et du désordre qui régnait à Bolcheretsk,
avait saisi une galiote mouillée à l’entrée de la
Bolchoïreska, et avait entraîné à bord un
nombre de matelots russes suffisans pour conduire
le navire ; qu’il avait mis à terre une partie
de son équipage aux îles Kouriles, et entre
autres Ismyloff. Les lecteurs se souviennent
qu’Ismyloff nous raconta cet événement à Ounalachka,
et que nous eûmes bien de la peine
à le comprendre. Ces nouveaux détails nous
firent voir que nous en avions mal saisi alors
les principales circonstances. On ajouta que
Beniowsky avait passé à la vue du Japon ; qu’il
avait reconnu l’île de Luçon, et qu’il y avait
pris des informations sur la route qu’il devait
suivre pour gagner Canton ; qu’arrivé à Canton,
il s’adressa aux Français, et qu’il obtint
son passage sur un de leurs vaisseaux de
l’Inde qui retournait en Europe ; que la plupart
des Kusses étaient aussi revenus en Europe sur
des vaisseaux français, et qu’ils étaient ensuite retournés
à Saint-Pétersbourg. Nous rencontrâmes
dans le havre de Petro-Pavlovska trois
hommes de l’équipage de Beniowsky : ils nous
racontèrent l’histoire telle que je viens de la
rapporter.
» Lorsque nous fûmes à Canton, les subré-