se disposait à nous recevoir en cérémonie. Depuis
long-temps il ne nous restait plus d’habits ;
nos vêtemens de voyage offraient un mélange
burlesque des modes européennes, indiennes
et kamtchadales. Nous sentîmes qu’il
serait trop ridicule de parcourir en pompe la
métropole du Kamtchatka ainsi déguenillés.
Ayant aperçu beaucoup de monde rassemblé
aux bords de la rivière, et ayant appris que le
gouverneur viendrait nous y recevoir, nous
nous arrêtâmes à la maison d’un soldat située
à environ un quart de mille de la ville ; nous
détachâmes Port, en lui recommandant de dire
à son excellence que, dès que nous aurions
changé d’habits, nous irions lui rendre nos devoirs.
Nous priâmes en outre le gouverneur de
ne pas songer à nous attendre pour nous conduire
dans sa maison ; il nous fit dire qu’il
voulait absolument attendre : alors nous ne
perdîmes plus de temps à notre toilette, et
nous nous hâtâmes de le joindre à l’entrée de
la ville. Il me sembla que je faisais la révérence
avec bien de la maladresse, et j’observai que
mes camarades étaient aussi gauches que moi,
ayant renoncé à cette habitude depuis deux ans
et demi. Le gouverneur nous accueillit de la
manière la plus aimable et la plus affectueuse ;
mais nous fûmes affligés de voir qu’il avait
oublié presque entièrement la langue française ;
et M. Webber, qui parlait l’allemand, sa langue
naturelle, eut seul le plaisir de converser
avec lui.
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DES VOYAGES