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DES VOYAGES


blait couper l’île. Nous traversâmes une forêt, et nous remontâmes une colline escarpée l’espace d’un mille ; et ayant traversé de l’autre côté un bois à peu près de la même étendue, nous arrivâmes sur des terrains plats, ouverts et sablonneux, entremêlés de champs de riz et de tabac, et de bocages de palmistes et de cocotiers : nous y découvrîmes deux huttes placées au bord du bois vers lesquelles nous marchâmes, et, avant de les atteindre, nous vîmes deux hommes qui s’enfuirent au même instant, malgré tous nos signes de paix et d’amitié.

» Du moment où j’atteignis les huttes, j’y entrai seul, et j’ordonnai à ma petite troupe de se tenir en dehors, afin que la vue de nos armes n’épouvantât pas les habitans. Je trouvai dans une des cabanes un vieillard qui était très-effrayé, et qui se disposait à prendre la fuite avec ce qu’il pourrait emporter de plus précieux ; mais je parvins tellement à dissiper ses craintes, qu’il sortit et qu’il cria à ses deux compatriotes de revenir. Nous fûmes bientôt de bonne intelligence. Quelques signes, et surtout une poignée de piastres que je lui présentai en montrant un troupeau de buffles, et des volailles qui rôdaient en grand nombre autour des huttes, ne lui laissèrent aucun doute sur le véritable objet de notre descente. Il m’indiqua le lieu où était située la bourgade, et il me fit comprendre qu’on m’y fournirait toutes les choses dont nous avions besoin. Les jeunes gens qui avaient pris la fuite étant revenus, le vieux insulaire enjoignit à l’un