blance que notre brusque retour, auquel ils ne
voyaient point de cause apparente, et dont nous
eûmes ensuite beaucoup de peine à leur faire
comprendre la nécessité, leur causa quelque
alarme ; mais la confiance de Terriobou, qui,
au moment de son arrivée, vraie ou fausse,
c’est-à-dire le lendemain au matin, se rendit
tout de suite auprès du capitaine Cook, et le
rétablissement des échanges et des services réciproques
entre les naturels et nous, qui fut la
suite de cette démarche, sont de fortes preuves
qu’ils ne supposaient pas et qu’ils ne redoutaient
point un changement de conduite de
notre part.
» Je puis citer à l’appui de cette opinion un autre fait qui eut lieu à notre première visite, c’est-à-dire la veille de l’arrivée du roi. Un insulaire avait vendu un cochon à bord de la Résolution, et il avait reçu le prix convenu ; Paria, qui le rencontra par hasard, lui conseilla de ne pas livrer le cochon, si on ne lui donnait pas un plus haut prix. Nos gens firent à Paria des reproches très-vifs sur ce conseil malhonnête, et ils le chassèrent ; comme le tabou fut mis sur la baie bientôt après, nous crûmes d’abord que c’était en conséquence de l’outrage fait au chef. Ces deux incidens servent à prouver combien il est difficile de tirer des inductions certaines des actions d’un peuple dont on connaît imparfaitement les usages et l’idiome : ils montrent d’ailleurs les difficultés, peut-être peu sensibles au premier coup