dant, et nous ayant obligés à nous rembarquer,
ce succès devait leur inspirer de la confiance ;
je ne doutai pas que le petit avantage
remporté sur nous la veille ne les excitât à
d’autres entreprises plus dangereuses encore,
et je le crus d’autant plus, que ce qu’ils avaient
vu jusqu’alors ne pouvait leur donner une
grande crainte de nos armes à feu : en effet, ce
qui surprit tout le monde, nos canons et nos
fusils n’avaient produit aucun signe de frayeur
parmi eux. De notre côté, les vaisseaux se trouvaient
en si mauvais état, et la discipline était
si relâchée, que, si les insulaires nous eussent
attaqués la nuit suivante, il eût été bien difficile
de prévoir les nouveaux malheurs qui
nous seraient arrivés.
» La plupart des officiers eurent les mêmes craintes que moi, et rien ne sembla plus propre à encourager les insulaires à nous livrer un assaut général que de montrer de la disposition pour un accommodement, dans lequel ils ne verraient que de la faiblesse ou de la peur.
» On disait avec raison, en faveur d’un parti plus modéré, que le mal était fait et irréparar blej que les témoignages d’attachement et de bienveillance que nous avions reçus des insulaires avant la malheureuse catastrophe méritaient beaucoup d’égards ; que l’accident affreux dont nous gémissions n’avait pas été la suite d’un dessein prémédité ; que Terriobou n’avait pas su le vol, qu’il s’était prêté de bonne grâce à accompagner le capitaine Cook ;