brusques et fermes de vengeance rempliraient
mieux nos vues d’humanité et de prudence, je
ne fus pas fâché de voir désapprouver les mesures
que je recommandais : car si le mépris
insolent des naturels du pays, et l’opposition
qu’ils formèrent ensuite aux travaux que nous
fûmes ohligés de faire sur la côte (opposition
qui, je n’en doute pas, provenait d’une fausse
interprétation donnée à notre douceur), nous
contraignirent à la fin de recourir à la violence,
je ne suis pas sûr que les circonstances eussent
justifié, aux yeux de l’Europe l’usage préalable
de la force. Les rigueurs de précaution excitent
toujours le blâme, et on peut remarquer d’ailleurs
que le succès des moyens de ce genre en
rend la nécessité moins évidente.
» Tandis que nous délibérions sur le parti qu’il fallait prendre, une multitude innombrable d’insulaires se tenaient sur le rivage : quelques-uns d’entre eux arrivèrent en pirogues ; ils eurent la hardiesse de venir à la portée du pistolet, de nous défier, et de nous donner diverses marques de mépris. Nous eûmes beaucoup de peine à contenir les matelots, qui, en ces occasions, voulaient se servir de leurs armes ; mais comme nous avions adopté des mesures pacifiques, on permit aux naturels de s’en retourner tranquillement…
» Pour exécuter notre plan ? on décida que je marcherais vers la côte avec les embarcations des deux vaisseaux, bien armées et bien équipées ; que je tâcherais, s’il était possible, d’ob-