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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/100

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parence que toutes ces petites îles et la mer qui les sépare ne sont qu’un banc continuel, si l’on n’aime mieux penser que c’était anciennement une seule île que la violence des flots a coupée comme en pièces. Les canaux intérieurs sont tranquilles, et l’eau n’y a pas plus de vingt brasses dans sa plus grande profondeur. On voit presque partout le fond, qui est de pierre de roche et de sable blanc. Dans la basse marée, on passerait d’une île, et même d’un atollon à l’autre, sans être mouillé plus haut que la ceinture, et les habitans n’auraient pas besoin de bateaux pour se visiter, si deux raisons ne les obligeaient de s’en servir : l’une est la crainte des paimones, espèce de grands poissons qui brisent les jambes aux hommes et qui les dévorent ; l’autre est le danger de se briser entre des rochers aigus et fort tranchans.

La plupart des îles sont entièrement désertes, et ne produisent que des arbres et de l’herbe. D’autres n’ont aucune verdure et sont de pur sable mouvant, dont une partie est sous l’eau dans les grandes marées. On y trouve dans tous les temps quantité de grosses crabes et d’écrevisses de mer, avec un si prodigieux nombre de pinguys, qu’on n’y peut mettre le pied sans écraser leurs œufs et leurs petits. Mais, quoique la chair de ces oiseaux soit fort bonne, les habitans n’en font aucun usage. Il n’y a d’eau douce que dans les îles habitées, non qu’elles aient aucune rivière, mais on y