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jours avant la nouvelle lune et trois jours après. On laisse ce soin aux femmes, qui se mettent dans l’eau jusqu’à la ceinture pour les ramasser dans le sable de la mer. Il en sort tous les ans des Maldives la charge de trente ou quarante navires, dont la plus grande partie se transporte dans le Bengale, où l’abondance de l’or, de l’argent et des autres métaux, n’empêche pas qu’elles ne servent de monnaie commune. Les rois mêmes et les seigneurs font bâtir exprès des lieux où ils conservent des amas de ces fragiles richesses, qu’ils regardent comme une partie de leur trésor. On les vend en paquets de douze mille qui valent un larin, dans de petites corbeilles de feuilles de cocotier, revêtues en dedans de toile du même arbre. Ces paquets se livrent comme des sacs d’argent dans le commerce de l’Europe, c’est-à-dire sans compter ce quils contiennent[1].

Les autres marchandises des Maldives sont les cordages et les voiles de cocotier, l’huile et le miel du même arbre, et les cocos mêmes, dont on transporte chaque année la charge de plus de cent navires, le poisson cuit et séché, les écailles d’une sorte de tortues qui se nomment cambes, et qui ne se trouvent qu’aux environs de ces îles et des Philippines ; les nattes de jonc colorées ; diverses étoffes de soie et de coton qu’on y apporte crues, et qu’on

  1. Ces petites coquilles portent, dans le commerce, le nom de cauris, et sont en usage en Afrique et ailleurs.