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honneur est réservé au roi seul. Les rangs ou les degrés de distinction ne viennent ni des richesses ni des emplois, mais de la seule naissance, et sont par conséquent héréditaires. De là vient que personne ne se marie et ne mange avec un inférieur. Une fille qui se laisserait séduire par un homme de moindre condition qu’elle perdrait la vie par les mains de sa famille, qui ne croirait cette tache bien lavée que dans son sang. Il y a néanmoins quelque différence en faveur des hommes. On ne leur fait pas un crime d’un commerce d’amour avec une femme de la plus basse extraction, pourvu qu’ils ne mangent ni ne boivent avec elle, et qu’ils ne lui accordent pas la qualité d’épouse : autrement, ils sont punis par le magistrat, qui leur impose quelque amende ou les met en prison. Celui qui porte l’oubli de son rang jusqu’à contracter un mariage de cette nature est exclus de sa famille, et réduit à l’ordre de la femme qu’il épouse.

La plus haute noblesse est composée de ceux qui se nomment hondreous, nom tiré apparemment de celui de hondreoune, qui est le titre qu’on donne au roi, et qui signifie majesté. C’est dans cet ordre que le roi choisit ses grands officiers et les gouverneurs des provinces. Ils sont distingués par leurs noms et par la manière dont ils portent leurs habits. Les hommes les portent jusqu’à la moitié de la jambe, et leurs femmes jusqu’aux talons. Elles font passer aussi un bout de leur robe sur