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juger que, dans ces idées, l’auteur devait trembler autant que les Chingulais et leurs chiens : mais voilà de singulières preuves. Knox est-il bien sûr de connaître le cri de tous les animaux d’une île aussi vaste que Ceylan ? Ignorait-il que les habitans de la zone torride ne connaissent pas à beaucoup près tous les animaux de leur contrée ? Et d’ailleurs, quand on se souvient du moumbo-diombo et des ventriloques de l’Afrique, est-on si étonné des diables de Ceylan ?

Les Chingulais croient à la résurrection des corps, l’immortalité de l’âme et un état futur de récompense et de punition.

Leurs livres ne traitent que de religion et de médecine, et sont écrits sur des feuilles de talipot. Ils se servent, pour leurs lettres et leurs écrits ordinaires, d’une sorte de feuilles qui se nomment taoucoles, et qui reçoivent plus aisément l’impression, quoiqu’elles n’aient pas tant de facilité à se plier. Leurs plus habiles astronomes sont des prêtres du premier ordre, ce qui n’empêche pas que les opérations annuelles d’astronomie ne soient réservées aux tisserands : ils prédisent les éclipses de soleil et de lune. Knox aurait bien dû nous dire si leurs prédictions sont justes. Cette connaissance annoncerait un peuple beaucoup plus avancé dans les sciences qu’on ne suppose celui de Ceylan. Ils font pour le cours de chaque mois des almanachs où l’on voit l’âge de la lune, les bonnes saisons pour labourer et se-