Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/146

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et les divorces. Leurs mariages sont une pure cérémonie qui consiste dans quelques présens qu’un homme fait à sa femme, et qui lui donnent droit sur elle lorsqu’ils sont acceptés. Les pères ne laissent pas de donner pour dot à leurs filles des bestiaux, des esclaves, de l’argent ; mais, si les deux partis ne se conviennent pas, une prompte séparation leur rend la liberté, et le mari en est quitte pour rendre ce qu’il a reçu. Cependant la femme ne peut disposer d’elle-même qu’après qu’il s’est engagé dans un autre mariage. S’ils ont des enfans, les garçons demeurent au père, et les filles suivent la mère. Les hommes et les femmes se marient ordinairement quatre ou cinq fois avant de se fixer solidement. Il est rare qu’un homme ait plus d’une femme ; mais ce qui est très-rare partout ailleurs et très-remarquable, une femme a souvent deux maris. L’usage permet à deux frères qui veulent vivre ensemble de n’avoir qu’une femme entre eux. Les enfans communs les reconnaissent tous deux pour leurs pères, et leur en donnent le nom. Un homme qui surprend sa femme au lit avec un amant peut les tuer tous deux ; mais les Chingulais connaissent peu les tourmens de la jalousie, et ne se croient pas déshonorés lorsque leurs femmes se livrent à des hommes d’une égale condition. Ces commerces d’amour ne passent pour un crime qu’avec des amans d’une naissance inférieure. La plus grande injure, dit l’auteur, qu’on puisse faire à une