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sont simples. Du riz à l’eau et au sel, avec quelques feuilles vertes et du jus de citron, passe pour un bon repas. Ils ne mangent point de bœuf, et cette chair est en abomination parmi eux. Les autres viandes et le poisson même les tentent si peu, qu’ils les vendent ou les abandonnent aux étrangers qui se trouvent dans leur pays. Ils auraient des bestiaux et de la volaille en abondance, si les bêtes féroces ne leur en enlevaient beaucoup, sans compter que le roi croit son repos intéressé à tenir ses sujets dans la misère, et permet même à ses officiers de prendre à très-vil prix leurs poules et leurs porcs.

Cette vie sobre entretient également leur santé et la gaîté de leur humeur. Ils chantent sans cesse, jusqu’en se mettant au lit, et la nuit même lorsqu’ils s’éveillent. Leur manière de se saluer est libre et ouverte ; elle consiste à lever les mains, la paume en haut, et à baisser un peu la tête. Le plus distingué ne lève qu’une main pour son inférieur ; et s’il est fort au-dessus par la naissance, il remue seulement la tête. Les femmes se saluent en portant les deux mains au front. Leur compliment est ay, qui signifie comment vous portez-vous? Ils répondent hundoï, c'est-à-dire fort bien. Tous leurs discours ont le même air de politesse.

Avec tant d’humanité dans le fond du caractère, Knox admira long-temps que ces insulaires eussent besoin d’être conduits avec beau-