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amas de montagnes, il paraît surprenant qu’elles n’en soient pas moins cultivées. Les insulaires ont trouvé le moyen de les aplanir en forme d’amphithéâtre, dont les sièges ont depuis trois pieds jusqu’à huit de largeur, les uns plus ou moins bas que les autres, à proportion que la colline a plus ou moins de raideur. On les unit en les rendant un peu creux ; ce qui forme une sorte d’escaliers par lesquels on peut monter jusqu’au dernier siége. Comme l’île est fort pluvieuse, et que, d’un autre côté, les sources sont si communes sur les montagnes, qu’il s’en forme un grand nombre de rivières, on a pratiqué de grands réservoirs jusqu’au niveau des plus hautes sources, d’où l’on fait tomber l’eau sur les premiers siéges, et couler par degrés aux autres rangs. Ces réservoirs sont en très-grand nombre et de différentes grandeurs. Les uns ont une demi-lieue de long, d’autres un quart de lieue seulement, et leur profondeur est de deux ou trois brasses. À présent qu’ils sont bordés d’arbres, on les prendrait pour de simples coteaux. On ne les fait pas plus profonds, parce que l’expérience a fait connaître qu’ils seraient moins commodes, et qu’après les grandes sécheresses, qui tarissent quelquefois jusqu’aux sources, ils seraient plus difficiles à remplir. Dans les parties septentrionales du royaume on ne trouve ni sources ni rivières ; on est borné à l’eau de pluie, qu’on retient dans des réservoirs en forme de croissant. Chaque village a le