Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/249

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d’état d’Amboine, originaire de cette île, et d’ailleurs fort honnête homme, fut convaincu d’avoir enlevé du gibet et mangé un bras du cadavre d’un esclave, dont l’embonpoint l’avait tenté. Il fut puni par une amende de cinq cents piastres, heureux d’en être quitte à si bon marché. Il y a des ordonnances très-sévères pour réprimer cette horrible passion, et de temps en temps on a soin de les renouveler.

Il paraît que tout le terrain des Moluques est imprégné de ces matières sulfureuses qui forment les volcans. Valentyn en fit l’épreuve sur les montagnes d’Orner : « J’étais, dit-il, sans la moindre inquiétude dans ma chaise à porteurs, fermée de tous côtés pour me garantir contre l’ardeur du soleil, lorsque, après avoir fait environ un quart de lieue de chemin au-dessous du vent, toute cette vaste campagne que nous avions derrière nous parut en feu dans un instant, et les flammes, qui s’élevaient jusqu’aux nues du milieu d’une horrible fumée, gagnaient avec une telle rapidité, qu’à peine eus-je le temps de sortir de ma chaise pour prendre la fuite avec tous mes gens, dont le nombre était d’environ quarante. Notre effroi ne nous aurait cependant prêté que de vaines forces, si le vent ne s’était tourné tout à coup, et si l’embrasement n’eût été coupé par un espace aride et sans herbe. J’appris de mon guide qu’il s’était déjà trouvé une fois dans le même péril, mais beaucoup plus grand,