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royaumes, dont chacun a son langage, quoique la ressemblance de la figure, des usages et des mœurs entre ceux qui les habitent semble prouver que tous ces insulaires ont une origine commune. La bonne intelligence est rare entre tous les princes de ces différens royaumes. La compagnie hollandaise, qui a son fort et son comptoir dans le royaume de Coupang, trouve de l’avantage à nourrir leurs divisions, tandis que, vivant en paix avec chaque puissance de l’île, elle tire tous les profits du commerce. Le roi de Coupang, ami particulier des Hollandais, est ennemi mortel de tous les autres rois, qui sont étroitement alliés avec tous les Portugais. Il tire du fort de Concordia un secours secret d’hommes et de munitions, qui lui est refusé en apparence comme à tous ses concurrens, mais qui doit être bien réel, pour le rendre capable de résister à tant de forces réunies, et de causer quelquefois beaucoup d’inquiétude aux Portugais. La guerre est si cruelle de la part des Coupangois, que les nobles du pays mettent leur gloire à placer sur des pieux, au sommet de leurs maisons, les têtes des ennemis qu’ils ont tués de leur propre main, et que les simples soldats sont obligés de porter celles qu’ils peuvent abattre aussi, dans des magasins destinés à les recevoir. Le village indien qui est voisin du fort hollandais contient un de ces sanglans dépôts. On doit juger par-là que la haine des Portugais, qui voient leurs