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sauvages de l’île, est compris dans l’abstinence du porc, et l’usage du roi même est de faire présent aux étrangers de ceux qu’il prend à la chasse.

Tous les voyageurs conviennent que parmi les peuples des Indes il n’y en a point qui aient reçu de la nature plus de disposition que les Macassarois pour les arts, les sciences et les armes. Ils ont la conception vive, l’esprit juste, et la mémoire si heureuse, qu’ils n’oublient presque jamais ce qu’ils ont une fois appris. Les qualités du corps répondent à celles de l’âme. Ils sont grands et robustes, laborieux, capables de résister aux plus grandes fatigues. Leur teint est moins basané que celui des Siamois : mais ils ont le nez beaucoup plus plat et plus écrasé. Ce nez, qui les défigure à nos yeux, est chez eux une beauté, qu’on se plaît à former dès leur enfance. Aussitôt qu’ils voient le jour, on les couche nus dans un petit panier, où leurs nourrices prennent soin à toutes les heures du jour de leur aplatir le nez en le pressant doucement de la main gauche, tandis que de l’autre main elles le frottent avec de l’huile ou de l’eau tiède. On leur fait les mêmes frottemens sur toutes les autres parties du corps pour faciliter les développemens de la nature. De là vient apparemment qu’ils ont tous la taille fine et dégagée, et qu’on ne voit point dans l’île de bossus ni de boiteux. On les sèvre un an après leur naissance, dans l’opinion qu’ils auraient moins d’esprit s’ils continuaient plus