vaisseau, que la tempête avait fait changer de route en allant de Manille aux Marianes. Le gouverneur des Philippines avait donné ordre au vaisseau qui fait presque tous les ans cette route de chercher la même île et d’autres qu’on n’en croit pas éloignées ; mais toutes ces recherches avaient été sans succès.
Les étrangers ajoutaient que, de leurs trente-deux îles, il y en a trois qui ne sont habitées que par des oiseaux, mais que toutes les autres sont extrêmement peuplées. Quand on leur demandait quel peut être le nombre des habitans, ils montraient un monceau de sable pour marquer que la multitude en est innombrable. Lamurec, qui est la plus considérable de leurs îles, est celle où le roi tient sa cour ; les autres ne lui sont pas moins soumises. Il se trouvait parmi ces trente étrangers un des principaux seigneurs du pays avec sa femme, qui était fille du roi. Quoiqu’ils fussent à demi nus, la plupart avaient un air de grandeur, et des manières qui marquaient la distinction de leur naissance. Le seigneur avait tout le corps peint de certaines lignes dont l’arrangement formait diverses figures. Les autres hommes avaient aussi quelques-unes de ces lignes ; mais les femmes et les enfans n’en avaient aucune. Par le tour et la couleur du visage, ils avaient quelque ressemblance avec les insulaires des Philippines ; mais les hommes n’avaient pas d’autre habit qu’une espèce de ceinture qui leur couvrait les reins et les cuisses, et qui