Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

preté qui ne déplairait pas en Europe. Carreri en fait une description curieuse. Ils ne sont pas faits d’un seul tronc d’arbre, comme en Afrique et dans d’autres lieux, mais de deux troncs cousus et joints avec de la canne des Indes. Leur longueur est de quinze ou dix-huit pieds ; et comme ils pourraient chavirer facilement, parce que leur largeur n’est que de quatre palmes, ils joignent aux côtés des pièces de bois solides qui, les tiennent en équilibre. Ce bâtiment ne pouvant guère contenir que trois matelots, ils font un plancher dans le milieu, qui s’avance des deux côtés sur l’eau, et qui est la place des passagers. Des trois matelots, l’un est sans cesse occupé à jeter l’eau qui entre également par-dehors et par les fentes, tandis que les autres sont aux extrémités pour gouverner. La voile, qui ressemble à celles qu’on nomme latines, est de nattes, et de la longueur du bâtiment ; ce qui les expose à se voir renverser lorsqu’ils n’évitent pas soigneusement d’avoir le vent en poupe. Mais rien n’est égal à leur vitesse ; ils font dans une heure dix et douze milles. Pour revenir d’un lieu à un autre, ils ne font que changer la voile sans tourner le bâtiment ; alors la proue devient la poupe. S’ils ont besoin d’y faire quelque réparation, ils mettent les marchandises et les passagers sur la voile, et leur manœuvre est si prompte, que les Espagnols, qui en sont témoins tous les jours, ont peine à en croire leurs yeux. C’est dans ces frêles