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qui se célèbre le premier jour de la lune de mai. Tous les seigneurs, dont le nombre est fort grand, se rassemblent au palais ; et, courant la javeline à la main, ils donnent la représentation d’une espèce de combat. Cet amusement dure tout le jour. Ensuite l’empereur disparaît, et passe huit jours sans se faire voir. Dans cet intervalle, les tambours ne cessent de battre. Le dernier jour, ce prince fait donner la mort aux seigneurs pour lesquels il a le moins d’affection. C’est une sorte de sacrifice qu’il fait aux mouzimos ou à ses ancêtres. Les tambours se taisent, et chacun se retire.

Lopez raconte que l’empereur de Monomotapa entretient plusieurs armées dans différentes provinces pour contenir dans le respect et la soumission plusieurs rois ses vassaux, que leur inclination porte souvent à se révolter. Ces troupes sont divisées en légions, suivant l’usage des anciens Romains. Si l’on en croit le même auteur, les plus braves soldats de l’empire sont quelques légions de femmes qui se brûlent la mamelle gauche, comme les anciennes Amazones, pour se servir plus librement de l’arc. Elles n’ont point d’autres armes. Le roi leur accorde certains cantons pour y faire leur demeure. Elles y reçoivent quelquefois des hommes dans la seule vue d’entretenir leur espèce. Les enfans mâles sont renvoyés aux pères, et les filles demeurent sous la conduite de leurs mères, pour apprendre le métier de la guerre à leur exemple. Au surplus, l’intérieur