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les poursuivre, ils tournèrent leurs ressentimens contre les infortunés qui restaient entre leurs mains, au nombre de huit, quatre sains, et quatre malades ; ils les maltraitèrent avec tant de cruauté, que les malades en moururent, et furent jetés à la mer. Le lieutenant du vaisseau était de ce nombre.

Il s’était passé trois mois et demi depuis leur naufrage, lorsqu’on vit arriver dans l’île de Paindoué un des premiers seigneurs de la cour, chargé des ordres du roi pour achever de faire tirer du vaisseau tout ce qui pouvait y être demeuré, et pour faire une recherche exacte de l’argent que les insulaires de Pouladou avaient arraché de leurs captifs.

Pyrard, ayant été présenté à l’envoyé par Aly Pandio, eut le bonheur de lui plaire. Sa physionomie, qui était heureuse, le faisait prendre pour quelque seigneur de l’Europe. Cette opinion lui était si avantageuse, qu’il se gardait bien de détromper ses maîtres. Mais rien ne lui fut si utile que d’avoir appris la langue du pays. L’envoyé, charmé de son entretien, ne lui permettait pas un moment de le quitter. Il le mena dans une île éloignée de dix lieues, qui se nomme Touladou, où il avait alors une de ses femmes. Lorsqu’il partit pour retourner à la cour, non-seulement il le prit avec lui, mais il lui permit de se faire accompagner d’un des autres captifs, avec lequel il était lié d’une amitié particulière ; et la considération qu’il eut pour lui s’éten-