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conter la fin tragique de cet infortuné monarque, et elle donna beaucoup de larmes à ce triste récit. Les pirates, ayant remis à la voile, s’avancèrent vers les îles de Divandurou, à trente lieues de Malicut, vers le nord. Elles sont au nombre de cinq, chacune d’environ sept lieues de tour, à quatre-vingts lieues de la côte de Malabar, et sous l’obéissance du roi de Cananor. Leurs habitans sont des mahométans malabares, la plupart fort riches par le trafic qu’ils font dans toutes les parties de l’Inde, surtout aux Maldives, d’où ils tirent quantité de marchandises, et où ils ont habituellement des facteurs. Les coutumes et le langage n’y sont pas différens de ceux de Cananor, de Cochin, de Calicut, et de toute la côte de Malabar. Le terroir y est fertile et l’air extrêmement sain. Ces îles sont comme un entrepôt pour toutes les marchandises de la Terre-Ferme, des Maldives et de Malicut. De là, tirant vers le sud, on alla doubler le cap de Galle, qui fait la pointe de l’île de Ceylan. Le nombre des baleines est si grand dans cette route, qu’elles mirent les galères en danger, et que les pirates furent obligés d’employer leurs tambours, leurs poêles et leurs chaudrons pour les éloigner par le bruit.

Après un mois de navigation, on arriva au port de Chartican, dans le royaume de Bengale, où Pyrard fut présenté au gouverneur de la province, qui prend le titre de roi, suivant l’usage de toutes ces contrées. Il se trou-