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encore une potence où deux ou trois Hollandais avaient été accrochés depuis peu de temps. Ils n’avaient pour habits qu’une simple pièce de coton ; car, en les congédiant, Furtado leur avait ôté ceux qu’il leur avait fait prendre à Chaly. Bientôt ils virent paraître un seigneur portugais, accompagné de sept ou huit esclaves armés de pertuisanes, qui les conduisit chez le gouverneur : ils y furent interrogés, et leurs réponses furent regardées comme autant d’impostures. Cependant la femme et les filles du gouverneur, qui obtinrent la liberté de les voir, et dont Pyrard admira la beauté, parurent touchées de quelque sentiment de compassion qui les aurait portées, dit-il, à leur faire du bien, si la crainte ne les eût arrêtées. Ils furent menés de là chez l’oydor de cidade, ou le juge criminel, pour être traités comme des voleurs ; mais heureusement cet officier refusa d’être leur juge, parce qu’ils étaient prisonniers de guerre. Enfin le gouverneur les fit conduire dans la prison publique, pour attendre l’occasion de les envoyer à Goa devant le tribunal du vice-roi des Indes. C’est par ces traitemens atroces que les Portugais s’efforçaient d’épouvanter les négocians d’Europe que la curiosité ou l’intérêt pouvait attirer dans les Indes.

La prison de Cochin se nomme le tronco. C’est une grande et haute tour carrée, sous le toit de laquelle est un plancher, avec une espèce de trape qui ferme à clef, et par où l’on descend les prisonniers sur une planche sou-