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dre en Portugal, n’oublia pas de prendre un passe-port du vice-roi du Brésil.

On mit à la voile le 7 octobre, avec un vent si contraire, qu’on fut vingt-cinq jours à doubler le cap de Saint-Augustin, quoiqu’il ne soit qu’à cent lieues de San-Salvador ; mais le reste de la navigation ayant été fort heureux, on découvrit dès le 15 janvier la terre de Portugal, qui se nomme la Brelingue, à huit lieues de Lisbonne, au nord. Le capitaine s’était proposé d’entrer dans le Tage ; mais le vent devint contraire, et il fallut tourner vers les îles de Bayonne. La tempête fut bientôt si violente, qu’on employa cinq jours à gagner les îles. Le navire faisait eau de toutes parts, et le vent, qui était de mer, le jetait sans cesse vers la côte. Pyrard assure qu’il se fit plus de quinze cents écus de vœux. Le principal marchand en fit un de huit cents cruzades : la moitié pour marier une orpheline, et le reste pour donner une lampe à Nôtre-Dame. Il s’acquitta de ces deux engagemens aussitôt qu’il eut pris terre. C’est le caractère des Portugais, de penser plutôt à faire des vœux qu’à résister au danger par l’industrie et le travail. Depuis l’embouchure du Tage jusqu’aux îles, Pyrard se crut dix fois enseveli dans les flots. Il regarde ce danger comme le plus terrible qu’il eût essuyé depuis dix ans dans toutes ses courses.

Après avoir heureusement pris terre, il se souvint que pendant sa prison de Goa il avait