Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/103

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formées pour la conservation de tout ce qui existe au monde, il faut, que vous me confessiez s’il est vrai que vous soyez des marchands étrangers qui vont à Nankin. À cette condition, nous vous accorderons la liberté de passer la nuit dans ce lieu, conformément à la charité que nous devons aux pauvres. Au contraire, si vous n’êtes pas tels que vous l’avez dit, je vous commande de la part du ciel de vous éloigner sur-le-champ, sous peine d’être mordus et dévorés par les dents du serpent qui fait sa demeure au fond de l’abîme enfumé. » Nous confirmâmes notre récit sans balancer. Aussitôt, se tournant vers le peuple qui l’accompagnait, il déclara qu’on pouvait nous traiter avec indulgence, et qu’il en accordait la permission. Nous fûmes conduits dans le village, et logés sous le portail du temple, où nous reçûmes en abondance tout ce qui était nécessaire à nos besoins.

» Ces exemples d’humanité nous rassurèrent beaucoup sur les dangers d’une longue route. Nous quittâmes Suzoanganée pour nous rendre à Chiangulay, qui n’est qu’à deux lieues ; mais nous eûmes bientôt l’occasion de nous défier du jugement favorable que nous avions porté des Chinois. En approchant du lieu où nous comptions passer la nuit, nous nous reposâmes sous un arbre ; où notre malheur nous fit trouver trois hommes qui gardaient un grand nombre de vaches, et qui ne virent