Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/183

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» Alors Nhaï-Canatou fut avertie de s’avancer vers l’instrument de sa mort. Le raulin de Mounaï, qui avait ordre de l’assister particulièrement, lui adressa quelques discours, qu’elle parut écouter avec constance. Elle demanda un peu d’eau, qu’on lui apporta ; et s’en étant rempli la bouche, elle en arrosa ses enfans, qu’elle tenait entre ses bras. Ensuite jetant les yeux sur le bourreau qui se saisissait d’eux, elle lui demanda au nom du ciel de lui épargner le spectacle de leur supplice en là faisant mourir la première. Il parut que cette faveur lui fut accordée, car on lui rendit ses enfans, qu’elle embrassa plusieurs fois pour leur dire le dernier adieu ; mais tout d’un coup, penchant la tête sur les genoux de la femme qui lui servait d’appui, elle y expira, sans aucune autre apparence de mouvement. Les bourreaux, qui s’en aperçurent aussitôt, se hâtèrent de l’attacher au gibet qui lui était destiné. Ils y pendirent en même temps ses quatre enfans, deux à chaque côté, et leur mère au milieu.

» La nuit suivante, Chambaïna fut jeté dans la mer, une pierre au cou, avec environ soixante des principaux seigneurs du royaume de Martaban, qui étaient pères, ou maris, ou frères des cent quarante femmes dont nous avions vu l’exécution.

» Après cette cruelle vengeance, le roi de Brama ne passa pas plus de neuf jours à la vue des murs qu’il avait détruits ; et prenant le