Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/187

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prenant que ce monarque avait fait de puissans préparatifs, et s’était fortifié par l’alliance de l’empereur de Pondaleu, prince redoutable, auquel on donnait le titre de siamon, il appréhenda que leurs forces réunies ne fussent capables d’arrêter sa fortune. Dans cette idée, il prit la résolution d’envoyer un ambassadeur au calaminham, autre puissant prince dont l’empire[1] occupe le centre de cette contrée, dans une vaste étendue, pour l’engager, par ses présens et par l’offre de lui céder quelques terres voisines de ses états, à déclarer la guerre au siamon. Diosoraï, entre les mains de qui j’étais encore avec sept autres Portugais, fut nommé pour cette ambassade. Il reçut une infinité de faveurs à son départ ; et nous nous trouvâmes heureux nous-mêmes que le roi lui fît présent de nous pour le servir en qualité d’esclaves. Il nous avait traités jusqu’alors avec affection. L’utilité qu’il se promit de nos services parut augmenter ce sentiment. Il partit dans une barque suivie de douze bâtimens qui portaient trois cents hommes de cortége. Les richesses dont il était chargé pour le calaminham montaient à plus d’un million d’or. Nous fûmes vêtus avec beaucoup de propreté ; et la générosité de notre nouveau maître pourvut généralement à tous nos besoins.

  1. On doit prévenir le lecteur qu’il est fort difficile de rapporter à la géographie connue plusieurs pays cités dans cette ancienne relation, et dont les noms ont été sans doute défigurés par le temps ou par la diversité des langues.