Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/192

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» Dans l’étonnement de ce spectacle, nous en demandâmes l’explication aux prêtres. Ils nous dirent qu’un calaminham, nommé Xixivarom Mélitaï, qui avait régné glorieusement sur cette monarchie plusieurs siècles auparavant, s’étant vu menacé par une ligue de vingt-sept rois, les avait vaincus dans une sanglante bataille, et leur avait enlevé tous leurs dieux : c’était cette multitude d’idoles que nous paraissions admirer. Depuis cette grande guerre, les vingt-sept nations étaient demeurées tributaires des Calaminhams, et leurs dieux portaient des chaînes. Il s’était répandu beaucoup de sang dans un si long espace par les révoltes continuelles de tant de peuples qui ne pouvaient supporter cette humiliation. Ils ne cessaient pas d’en gémir ; et chaque année ils renouvelaient le vœu qu’ils avaient fait de ne célébrer aucune fête et de n’allumer aucune lumière dans leurs temples jusqu’à la délivrance des objets de leur culte. Cette querelle avait fait périr plus de trois millions d’hommes. Ce qui n’empêchait pas que les Calaminhams ne fissent honorer les dieux qu’ils avaient vaincus, et ne permissent à leurs anciens adorateurs de venir en pèlerinage dans ce lieu. Nous apprîmes aussi des mêmes prêtres l’origine du culte que les païens des Indes rendent à Quiaï-Nivandel, dieu des batailles. C’était dans un champ nommé Vitau, que le calaminham, vainqueur des vingt-sept rois, avait détruit toutes leurs forces.