Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/212

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» J’étais déjà jusqu’aux genoux dans la vase avec mes sept autres compagnons. Nous demeurâmes si troublés de ce funeste accident, qu’ayant à peine la force de nous soutenir, les Nègres qui nous virent dans cet état sautèrent à terre, nous lièrent par le milieu du corps et nous mirent dans leur barque. Ce fut pour nous accabler d’injures et de mauvais traitemens ; ensuite ils nous menèrent à douze lieues de là, dans une ville nommé Cherbom, où nous apprîmes que nous étions dans le pays des Papouas. Nous y fûmes vendus à un marchand de l’île Célèbes, sous le pouvoir duquel nous demeurâmes près d’un mois. Il ne nous laissa manquer ni de vêtemens, ni de nourriture ; mais, sans nous faire connaître ses motifs, il nous revendit au roi de Calapa, prince ami des Portugais, qui nous renvoya généreusement au détroit de la Sonde. »

Pinto, plus pauvre que jamais, entreprend encore un voyage à la Chine. Il est témoin de la ruine du comptoir portugais à Liampo.

» Un négociant de quelque distinction, nommé Lancerot-Pereyra, natif de Ponte-de-Lima, ville de Portugal, avait prêté une somme considérable à quelques Chinois, qui négligèrent leurs affaires jusqu’à se trouver dans l’impuissance de la restituer. Le chagrin de cette perte excita Lancerot à rassembler quinze ou vingt Portugais aussi déréglés dans leurs mœurs que dans leur fortune, avec lesquels il prit le temps de la nuit pour se jeter dans le