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seoir dans un lieu où ses regards peuvent tomber. Les jeunes naïres observent le même devoir à l’égard des anciens de leurs tribus, sans se relâcher pour les plus pauvres, ni même pour leurs ennemis.

Comme il y a peu de régularité dans leur calendrier, et qu’ils comptent le temps par les lunes, ils n’ont pas de jours fixes pour la célébration de leurs fêtes. Tout dépend du caprice des bramines, qui se préparent à ces solennités par des jeûnes très-austères. Le jour qu’ils ont indiqué, tous les peuples voisins d’une pagode s’y rendent tumultueusement pour accompagner les idoles qu’on promène, dans les villages de la dépendance du temple, sur des éléphans magnifiquement ornés. Une troupe de naïres les environne avec des éventails attachés à de longues cannes, qui leur servent à chasser les mouches autour des idoles et des prêtres. L’air retentit du bruit confus des instrumens mêlés aux acclamations du peuple, pendant qu’un des principaux bramines, armé d’un sabre à deux tranchans, dont la poignée est garnie de plusieurs sonnettes, court devant le cortége avec toutes les agitations d’un furieux, en se donnant par intervalle des coups de sabre sur la tête et sur le corps. On voit couler abondamment le sang de ses blessures. On brûle après leur mort les princes, les nambouris, les bramines et les naïres, et l’on enterre les morts de toutes les tribus inférieures.