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d’un rouge très-vif et très-beau. Comme elles n’ont point d’odeur, on ne les cultive que pour le plaisir de la vue. La plante croît si vite et s’étend tellement, qu’en peu de temps on en forme des haies de la hauteur d’un homme. Rien n’a plus d’agrément dans un jardin, lorsqu’elles sont bien touffues. On prendrait de loin leurs fleurs pour autant de rubis, ou pour des étincelles de feu dont l’éclat est merveilleusement relevé par la verdure des feuilles. Elles s’épanouissent le matin au lever du soleil ; et, conservant leur beauté pendant tout le jour, elles tombent au coucher de cet astre pour faire place à d’autres qui doivent paraître le lendemain. Cette plante continue de fleurir ainsi sans interruption pendant le cours de l’année. Une autre de ses propriétés, c’est qu’il suffit de l’avoir semée une fois pour qu’elle produise des graines qui, tombant dans leur maturité, prennent racine et se renouvellent d’elles-mêmes. Aussi les jardiniers n’y apportent-ils pas d’autre soin que de les arroser dans les temps secs.

Avec tous ces avantages naturels, les habitans du Malabar entendent moins le jardinage, et n’ont pas la même curiosité pour les fleurs que les peuples sujets du Mogol. D’ailleurs les femmes de cette côte, au lieu de se frotter d’essences et de parfums comme les autres Indiennes, n’emploient que de l’huile de cocos.

Entre plusieurs animaux remarquables, les perroquets du Malabar excitent l’admiration