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gile de chercher par mer et par terre celui qui lui avait ravi son bien, et de se le faire restituer au centuple. Tous ceux qui furent témoins de son serment louèrent cette généreuse résolution. Il trouva parmi eux quantité de jeunes gens qui s’engagèrent à l’accompagner ; d’autres lui offrirent de l’argent. Il accepta leurs offres et ses préparatifs se firent avec tant de diligence, que dans l’espace de huit jours il équipa un vaisseau, et s’associa cinquante-cinq hommes qui jurèrent à leur tour de vaincre ou de périr avec lui. Je fus de ce nombre, car j’étais sans un sou, et je ne connaissais personne qui fut disposé à me prêter : je devais à Malacca plus de cinq cents ducats que j’avais empruntés de plusieurs amis. Enfin je ne possédais que mon corps, qui avait même été blessé de trois coups de javelot, et d’un coup de pierre à la tête, pour lequel j’avais souffert deux opérations qui avaient exposé ma vie au dernier danger.

» Après avoir fait ses préparatifs, Faria mit à la voile un samedi, 9 de mai 1540, vers le royaume de Tsiampa, dans le dessein de visiter les ports de cette côte, où son espéreance était d’enlever des vivres et des munitions de guerre. Quelques jours de navigation nous firent arriver à la vue de Poulo Condor, île située vers 8 degrés 20 minutes du nord, à l’embouchure de la rivière de Camboge. Nous y découvrîmes à l’est un bon havre nommé Bralapisan, à six lieues de la terre