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n’en connaissait, pas l’entrée ; mais ayant jeté l’ancre à l’embouchure, nous découvrîmes une grande jonque qui venait de la haute mer vers ce port. Faria résolut de l’attendre sur l’ancre ; et pour se donner le temps de la reconnaître, il arbora le pavillon du pays, qui est un signe d’amitié dans ces mers. Mais les Indiens, au lieu de répondre par le même signe, ne nous eurent pas plus tôt reconnus pour des Portugais, qu’ils firent un grand bruit de tambours, de trompettes et de cloches. Faria, vivement offensé, n’attendit pas plus d’éclaircissement pour leur faire tirer une volée de canon. Ils y répondirent de cinq petites pièces qui composaient toute leur artillerie. Cette audace nous faisant juger de leurs forces, Faria, qui voyait la nuit fort proche, prit la résolution d’attendre le lendemain, pour ne rien donner au hasard dans l’obscurité. Les Indiens, sans rien perdre de leur confiance, jetèrent l’ancre à l’entrée de la rivière.

» Vers deux heures après minuit, nous vîmes flotter sur la mer quelque chose qu’il nous fut impossible de distinguer. Faria dormait sur le tillac. Il fut éveillé ; et ses yeux, plus perçans que les nôtres, lui firent découvrir trois barques à rames qui s’avançaient vers nous. Il ne douta pas que ce ne fût l’ennemi du jour précédent, qui faisait plus de fond sur la perfidie que sur la valeur. Il ordonna de prendre les armes et de préparer les pots à feu, recommandant de cacher les mèches pour faire